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LES OUBLIETTES DU CHÂTEAU NOIR

— Mon cher monsieur Priski, interrompit Rouletabille… Il ne s’agit point de nous évader…

— Allons… tant mieux, et de quoi s’agit-il donc ? Si je puis vous être utile…

— Voilà ! Au point où nous sommes avec vous, nous aurions tort de vous cacher quoi que ce soit. Nous avons formé le dessein d’enlever Ivana Hanoum ! »

Cette fois, M. Priski se dressa tout à fait sur son séant !

Et montrant un visage bouleversé par l’effroi :

« Et pourquoi faire, mon Dieu ?… puisque vous ne pouvez pas, puisque vous ne voulez pas vous évader !

— Pour l’amener ici, monsieur le majordome !…

— L’amener ici !… Mais c’est de la démence !… Et pourquoi l’amener ici ?

— Monsieur Priski, nous ne pouvons nous passer de la société des dames.

— Messieurs, vous êtes fous et je renonce, dans ces conditions, à continuer un inutile entretien. »

Sur quoi M. Priski s’étendit de nouveau sur le lit de La Candeur et tourna la tête du côté du mur.

« Monsieur Priski, levez-vous ! Levez-vous ou je vous tue !… »

Le majordome regarda du côté de Rouletabille, vit un revolver dans la main du jeune homme, considéra sa figure tragique et sauta sur ses pieds.

— Alors, c’est sérieux ?

— Si sérieux, monsieur Priski, que si, d’ici une heure, vous ne nous avez pas conduits sans danger pour nous, à la chambre d’Ivana Hanoum, ou tout au moins aussi près que possible de cette chambre, vous aurez cessé de vivre !…

— Mais vous êtes insupportables !… s’écria Priski en se tordant les mains… tout à fait insupportables !… Comment voulez-vous que je vous conduise à une chambre que je ne connais pas ?… Elle doit être dans le harem, cette chambre… et on n’approche pas du harem… »

Alors Athanase prit la parole.