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LE DONJON

— Ça n’est pas possible, monsieur, s’écria Modeste. Alors… nous allons nous battre ?

— Il y paraît.

— Quand on se bat, exprima Modeste, sans aucun enthousiasme, ça fait du bruit !…

— Et quand on fait du bruit, c’est bien désagréable pour ceux qui ont sommeil, n’est-ce pas Modeste ? »

Comme Rouletabille se relevait et faisait mine de pousser les gros verrous qui fermaient intérieurement la poterne de la salle des gardes, Athanase l’arrêta.

« Monsieur, dit-il au reporter, vous avez tort de fermer si hermétiquement cette porte, car je vous annonce qu’il n’entre nullement dans mes intentions de m’enfermer ici avec vous…

— Je le pense bien, dit le reporter. Vous vous en irez !

— Par où ? demanda Athanase.

— Par ici !… »

Et il fit signe à Athanase de le suivre.

Laissant là Tondor et Modeste avec la consigne de ne bouger sous aucun prétexte, Rouletabille, suivi du Bulgare, grimpa l’étroit escalier en colimaçon, sans s’arrêter au premier étage où ils entendirent les deux voix de Vladimir et de La Candeur, qui se disputaient ; également au second étage, ils ne prêtèrent point une attention soutenue aux ronflements de la famille hambourgeoise.

Ils ne s’arrêtèrent que sur la plate-forme.

Arrivé là, Rouletabille se retourna et souffla à Athanase :

« À genoux !… »

En effet, à cette hauteur, sous le clair de lune, s’ils s’étaient tenus debout, ils eussent pu être aperçus de quelque sentinelle du château. Ils firent le tour de la terrasse à quatre pattes et finalement se dissimulèrent entre deux créneaux, du côté de la campagne.

« Vous re dit Rouletabille ; les derrières du donjon, à l’endroit où il est rejoint par la « chemise », donnent directement sur la campagne !…