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LE CHÂTEAU NOIR

au second étage ce qui se passait chez les Allemands tandis qu’il fouillait dans le bagage.

Athanase redescendit en disant : « Ils ronflent ! » Rouletabille avait ouvert une lourde boîte de fer où se trouvaient les munitions de la troupe. Il y puisa un objet oblong, rond, entouré d’une mèche qu’il mit dans sa poche. D’un sac, il tira deux longues cordes terminées par un crochet ; il en donna une à Athanase en le priant de se la nouer autour de la ceinture, comme il faisait lui-même, de telle sorte qu’il pussent conserver la liberté de leurs bras.

Cela terminé, il s’en fut au petit pont du donjon, marcha jusqu’à son extrémité, du côté de la courette circulaire, s’accroupit, se pencha et glissa entre une pierre et le dessous du pont cet objet dont il s’était muni. En revenant il déroula, toujours sous le pont, la mèche dont il fixa l’extrémité près de la poterne. La lune l’éclairait,

« Dynamite ? fit Athanase.

— Oui, dynamite.

— Monsieur, dit Athanase, je voudrais bien comprendre.

— Tout de suite.

— Moi aussi, je voudrais bien comprendre, émit timidement Modeste, qui par hasard ne dormait pas. Et mon ami Tondor aussi voudrait bien savoir…

— Qu’est-ce que vous voudriez savoir ?

— Nous voudrions savoir quand nous pourrons sortir d’ici.

— Mon Dieu, mon ami, je ne saurais vous le dire… car je ne vous cache pas qu’en ce moment je m’arrange pour y rester le plus longtemps possible. Vous avez compris sans doute que nous sommes tombés entre les mains d’une bande qui ne nourrit point à notre égard d’excellentes intentions. Nous allons nous arranger pour tenir ici quelques jours, en attendant du secours.

— C’est de la folie ! exprima brutalement Athanase.