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LE DONJON

voulait se recoucher, puis il ordonna aux domestiques d’envelopper les sabots des bêtes avec des torchons. Il les y aida.

« Collez-leur le bec dans des poches à avoine ! comme ça elles ne henniront pas. »

Ainsi fut fait ; enfin il fit charger sur les bêtes tout le bagage.

« Où est la cantine des conserves M. H., demanda-t-il, et celle des déjeuners du cycliste ?

— Ces messieurs les ont déjà portées dans leur chambre, expliqua Modeste…

— En route, pas de bruit ! qu’on se taise !

— Pensez-vous que nous irons loin comme ça ? demanda Athanase.

— Écoutez, monsieur, laissez-moi faire, et je réponds de tout ! Nous réussirons ou pas un de nous n’échappera…

— Je l’entends bien ainsi, » exprima le farouche Athanase.

Ils firent faire aux chevaux et aux mules le tour du donjon. La chemise qui entourait presque entièrement cette tour était un mur haut de huit mètres au moins. Malgré la lune qui éclairait en partie le chemin de ronde, on ne pouvait voir nos gens d’aucune partie du château, même des plus proches tours.

Ils arrivèrent ainsi devant le petit pont-levis qui donnait accès dans la salle des gardes.

Ce petit pont n’était plus, depuis longtemps, soulevé par des chaînes. Maintenant il était établi là à demeure.

Rouletabille répéta :

« Surtout, pas de bruit ! »

Et il prit sa jument par la bride et il la tira à lui sur le pont. Les bêtes firent quelques difficultés à franchir le fossé et Rouletabille se félicita d’avoir assourdi le bruit de leurs sabots sur le pont de bois par les linges dont ils étaient maintenant emmaillotés.

Quand toute la caravane eut trouvé place dans la salle des gardes, Rouletabille pria Athanase d’aller écouter