Page:Leroux - De l'humanité, de son principe, et de son avenir, Tome 1, 1860.djvu/308

Cette page n’a pas encore été corrigée

et qu’il a reçu la forme de son existence. Mais il existe, et vraiment est-il possible de croire qu’un tel être ne se soit pas déjà manifesté ? Je vois bien qu’il a reçu de ses pères, par la génération, l’initiation à la vie. Je vais plus loin ; il a tout reçu de ses pères et de l’humanité antérieure, tout hors son moi. il vient pour remplacer son père et sa mère sur la terre, et il les représente ; il vient avec d’autres jeunes, semblables à lui, pour remplacer la génération au sein de laquelle il est né ; et cette humanité antérieure, qui l’a engendré comme son légitime successeur, lui a transmis tous ses caractères. Mais enfin, il y a en lui, sous ces caractères de l’humanité, un être particulier, une créature, un moi. or, est-il conforme à la raison de supposer que ce moi n’a jamais existé auparavant, et qu’il vient de sortir du néant ? D’un autre côté, est-il conforme aux idées de causalité de supposer que ce moi, cette créature, ait été revêtue par le créateur de cette forme déterminée, qui entraîne à sa suite tel ou tel état déterminé de bonheur ou de malheur, sans raison pour elle, et sans suite pour elle. Il n’y aurait donc, relativement aux créatures, aucun ordre dans la théodicée divine, et par conséquent il n’y aurait aucun ordre dans l’œuvre même de Dieu. Dieu se conduirait sans motif par