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vie, ce serait la mort qui serait la vie : tant l’être est nécessaire. Un enfant va naître : pourquoi refuseriez-vous au créateur le pouvoir de faire renaître dans cet enfant un homme ayant déjà vécu antérieurement ? Cette résurrection est-elle donc impossible à celui qui peut donner la vie ? Celui qui peut faire naître ne peut-il pas faire renaître ? en un certain sens, rien n’est plus vrai que ce qu’on dit ordinairement et qu’enseignait la théologie chrétienne, savoir que Dieu nous crée à notre naissance, que Dieu nous accorde la vie et nous donne une âme lorsqu’il nous fait naître, et que nous sommes ainsi des êtres nouveaux apparaissant à la vie pour la première fois. En effet cet acte de naissance, ou, suivant nous, de renaissance, ne se fait pas sans une intervention de Dieu. Et comment se ferait-il sans cela, quand aucun acte quelconque de notre vie ne se fait sans la permission et l’intervention de l’être universel ? Nous sommes donc, comme on dit, créés quand nous naissons. Et néanmoins telle est cette création, que nous, qui naissons, nous nous trouvons être non seulement la suite et, comme on dit, les fils et la postérité de ceux qui ont déjà vécu, mais au fond et réellement ces générations antérieures elles-mêmes.

chapitre xiii. réponse à l’objection tirée de l’absence de mémoire.