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Les hommes donc ne se montrent si vivement préoccupés de la mort et de l’avenir qui suivra pour eux cette mort, que parce qu’ils ont dépouillé de ciel la vie présente, et perdu par là le sentiment divin des choses. Le sentiment divin des choses nous revient, au contraire, par cela même que nous cessons d’absorber pour ainsi dire le ciel, le véritable ciel, le souverain ciel, comme je le nommais tout à l’heure, au seul profit de notre vie future. Car, ne mettant pas tout ce ciel dans la vie après la mort, il nous reste, si je puis m’exprimer ainsi, du ciel pour celle-ci. La vie présente n’est pas déshéritée de ciel ; et nous sentons que Dieu la porte en son sein, comme il portera la vie future. Au lieu de nous imaginer que nous sommes à présent bien loin de Dieu, mais que d’un seul bond, par la mort, nous entrerons dans son paradis, nous comprenons que nous sommes unis à Dieu dès à présent, et d’une façon, quant à l’essence, toute semblable à celle dont nous serons unis à lui après notre mort, quand nous renaîtrons de nouveau à la vie : la différence seulement sera dans le degré de notre intelligence, de notre amour, et de notre activité. Donc, puisque dès à présent nous vivons dans le sein de Dieu, et que l’infini, à chaque instant de notre vie, nous éclaire physiquement, sentimentalement, et intellectuellement, dans une certaine mesure, faisons