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années qu’ils ont à vivre peut-être sous leur forme actuelle, ils sont encore bien plus séparés de l’humanité, bien plus indifférents à son sort futur. Car les premiers, au moins, peuvent s’imaginer que, du haut du ciel, comme ils disent, ils s’intéresseront, dans leur vie angélique, aux douleurs de l’humanité ; mais les autres sont froids comme la tombe, et se regardent comme aussi insensibles, après la mort, au destin de leurs semblables que le ver de leurs ossements. Les uns donc ont toujours appelé avec prière la fin du monde. Les autres ont dit, comme ce roi athée du dernier siècle : "vienne après moi la fin du monde ! Que m’importe ? " la fin du monde, voilà donc où aboutit finalement, quant à la nature, quant à la vie, quant à l’humanité, la charité et la foi des uns, l’indifférence et l’incrédulité des autres ! Que sort-il donc, en définitive, de cette terre et de ce ciel ainsi séparés, et à quoi arrive-t-on avec ces deux routes ? On arrive des deux côtés à l’égoïsme ; savoir : par une route, à l’égoïsme du dévot superstitieux, qui songe à faire tout seul son salut ; et par l’autre route, à l’égoïsme de l’athée, qui songe à faire tout seul son bonheur présent. Le dévot superstitieux laisse la route de la réalité, de la vie, de la nature, à l’athée ; et celui-ci