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deux routes, savoir la réalité, c’est-à-dire la nature et la vie, où il leur fallait bien être et marcher, quoi qu’ils fissent, et cette route du ciel qui, du premier pas, les entraînait hors de la réalité, hors de la nature, hors de la vie. Et ayant ainsi créé un absurde dualisme, et s’étant mis ce dualisme absurde dans la tête et dans le cœur, ils se sont trouvés déchirés, divisés ; attachés qu’ils étaient à la réalité, à la nature, à la vie, et emportés en même temps, par les ailes de leur folie, hors de la réalité, de la nature, et de la vie, dans un monde imaginaire et vain, que, dans leurs rêves les plus exaltés, ils n’ont jamais pu ni définir ni entrevoir. C’est ce dualisme qui, en déshéritant la réalité, la nature, la vie, de toute espérance immortelle, a abandonné la réalité, la nature, la vie, à l’égoïsme, à la corruption, au mal, et qui a vraiment créé la mort et le néant. N’est-il pas évident, en effet, que si, dans votre pensée, vous faites deux mondes, appelés l’un ciel, l’autre terre, et que vous regardiez la terre, c’est-à-dire votre vie actuelle, comme n’ayant aucun rapport avec ce ciel où vous placez le bien absolu ; n’est-il pas évident, dis-je, que vous créez par là sur la terre le mal absolu, et que, déshéritant cette terre, c’est-à-dire votre vie présente, de toute infinité virtuelle, vous donnez par là même une existence à ce qui n’en a pas, c’est-à-dire à la mort et au néant ?