charité qui humainement ne les relevait pas, mais les abaissait ? Quant aux puissants, aux dominateurs, aux riches, placés entre les deux principes non harmonisés de l’égoïsme et de la charité, on les voyait tour à tour s’abandonner brutalement à l’égoïsme, ou s’incliner superstitieusement devant la charité. Quand le malheur les frappait, quand le remords venait les prendre, ils se mettaient à genoux, les misérables, devant la charité, comme devant un joug qu’il leur fallait subir. Les uns alors mouraient à la nature, comme on disait, pour renaître à la grâce, c’est-à-dire à une dévotion superstitieuse, où la considération d’eux-mêmes et de leurs semblables disparaissait devant la terreur de l’enfer ou les joies égoïstes du paradis. Les autres revenaient bien vite à l’égoïsme de la terre. N’est-ce pas là le spectacle uniforme que nous offre l’histoire durant les longs siècles où le christianisme a régné ? Ainsi, humainement, la charité du christianisme n’était pas moins défectueuse quant à nous-même que quant aux autres. En elle et par elle, nous ne pouvions ni aimer véritablement les autres, ni nous aimer nous-même. Reste donc le dernier rapport sous lequel on peut la considérer, c’est-à-dire l’amour de Dieu. Mais, comme nous venons de le voir, cet amour
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