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est incomplet, et incapable, comme je viens de le dire, de fonder une science véritable de la vie. C’est qu’en effet le christianisme n’est qu’une prophétie par rapport au développement futur de l’esprit humain, et que, n’étant ainsi qu’une prophétie et un commencement, il n’a pas dû connaître nettement la loi de la vie sur laquelle se fonde le précepte divin de la charité. Dans cette loi, ainsi que nous venons de le voir, la charité et l’égoïsme, ou, pour employer un terme non repoussant, la liberté humaine, se tiennent au point de ne faire qu’un. La liberté humaine sort de la charité, ou de la communion avec nos semblables et avec l’univers, de même que la charité résulte du droit individuel que nous avons à cette communion, c’est-à-dire, en d’autres termes, de notre intérêt et de notre égoïsme. En un mot, dans cette loi de la vie, l’identité du moi et du non-moi se révèlent. Le christianisme n’a pas saisi assez fortement cette concaténation, et a laissé échapper le lien nécessaire, l’union indispensable du moi et du non-moi dans le phénomène de la vie.

chapitre ii. triple imperfection de la charité du christianisme.