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pas le but final du développement de l’humanité, il semble que ce mal que le méchant se fait à lui-même n’est qu’un mal de plus dans le monde, et qu’à la première forme du mal, la privation, la souffrance, l’esclavage, vient seulement s’ajouter une seconde forme du mal, le despotisme, la cruauté, l’avarice. Mais on ne peut nier du moins que le mal du méchant ne serve à détruire son œuvre, et à amener la fin du mal. Car le méchant se blessant lui-même en blessant son frère, et se rendant ainsi lui-même malheureux par l’effet de la loi divine qui fait les hommes solidaires, il s’ensuit que le méchant lui-même aspire indirectement à voir finir le mal, et régner cette unité et cette communion contre laquelle sa méchanceté s’est armée. Donc ce qui reste, par-dessus toute chose, et sur les ruines du mal, c’est cette volonté divine qui a mis le bien dans l’unité et dans la communion. Qu’il faille du temps à l’humanité pour parcourir la série du mal, et pour arriver à reconnaître et à embrasser la loi divine qui a mis le bien de tous et de chacun dans l’unité et la communion, cela est incontestable. L’histoire n’est pas autre chose que cette éducation successive du genre humain. Mais que fait le temps au principe que nous avons émis ? Ce principe en est-il moins vrai, parce que le plus grand nombre des hommes ne l’a pas encore