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maux résultent de la cité ! Mais voyez si ces maux ne viennent pas de ce que la cité s’est isolée, s’est murée, s’est fermée, s’est faite caste. Enfin quelle multitude de maux résultent de la propriété ! Mais voyez si également tous ces maux ne viennent pas de ce que la propriété s’est isolée, s’est murée, s’est fermée, s’est faite caste. Faut-il donc répéter à cet égard ma démonstration ? Elle est évidente, ce me semble, et irrécusable. La voici dans toute sa rigueur métaphysique. La vie de l’individu, à chaque moment de son existence, est à la fois subjective et objective. Or, qui lui fournit la partie objective de sa vie, c’est-à-dire quel est son objet ? C’est l’homme et la nature extérieure, toujours l’homme et la nature extérieure, et rien que cela. Donc l’homme objet recèle en lui une partie de la vie de l’homme sujet. donc le perfectionnement de l’homme importe à l’homme. Donc le genre humain est solidaire. Donc aussi toutes les barrières qui séparent d’une façon absolue les hommes, soit dans le temps, soit dans l’espace, et qui s’opposent ainsi à leur communication mutuelle et à leur perfectionnement, appauvrissent, amoindrissent la vie de l’individu. Vous ne pouvez pas oblitérer la portion objective de ma vie sans me blesser dans ma vie subjective. Si vous détruisez la possibilité de ma communication avec les autres hommes mes semblables,