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de l’homme, mais de l’ignorance de l’homme et de l’absence d’un principe supérieur suivant lequel la famille, la cité, la propriété, doivent être organisées pour être normales et véritablement bonnes. On cherche la source du mal qui règne sur la terre. Le mal qui règne sur la terre, j’entends le mal qui règne dans la société humaine, vient de ce que l’essence de la nature humaine a été violée, parce que le principe de l’unité du genre humain, à travers le temps et l’espace, et de la solidarité mutuelle de tous les hommes, n’a pas encore été bien compris, ni véritablement appliqué. Aussi les chrétiens avaient-ils raison de dire que Jésus, qui, suivant eux en sa qualité de Dieu, avait apporté le dogme de l’unité et de la fraternité parmi les hommes, avait par là même détruit la tache du péché originel. L’erreur des chrétiens était de croire que Jésus fût Dieu ; leur erreur était de croire que Jésus fût un homme exceptionnel au milieu du genre humain ; leur erreur aussi était de croire que sa doctrine n’avait pas été pressentie et même connue avant lui : mais ils avaient parfaitement raison de soutenir que cette doctrine de la communion, de l’unité, de la fraternité, frappait le mal dans sa racine. Ils avaient parfaitement raison, en ce sens, d’opposer Jésus à Adam, et de faire de Jésus le rédempteur d’Adam.