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de la perfectibilité lui avait été connue, il ne serait pas tombé dans les erreurs qui défigurent sa république. il aurait compris, par exemple, que tous, comme le dit plus tard Jésus par un esprit prophétique, étaient appelés, et par conséquent il n’aurait pas désespéré des esclaves. Il se serait élevé à un idéal sans esclaves. Il n’aurait pas regardé comme certain et indubitable qu’il fallait des esclaves et des industriels abrutis, pour nourrir de généreux guerriers et des prêtres savants. Condorcet ou Saint-Simon, écrivant aujourd’hui sur le sujet qui occupait Platon dans sa république, prendraient pour fanal, non pas le principe que l’homme est purement un être raisonnable et sociable, ou, comme disaient les anciens, un animal politique, mais le principe que l’homme est perfectible, et que la société humaine est perfectible. voilà la mesure de la différence que vingt siècles ont apportée entre nous et les anciens. Ce que nous avons nommé la définition philosophique de l’homme a donc une immense utilité dans toute recherche sur les bases de la morale et de la politique. Il ne s’agit pas seulement, en effet, d’avoir de l’homme une notion psychologique ; car la plus exacte notion de ce genre serait par elle-même impuissante à nous conduire. Il faut absolument que nous soyons encore éclairés par une autre lumière. Il faut que la vie de l'