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d’esclaves. Combien de politiques, spéculatifs ou pratiques, ont vu les choses humaines comme Machiavel et comme Hobbes, parce qu’ils voyaient l’homme psychologique à travers le même verre qu’eux ! Voilà Rousseau à son tour, le politique du sentiment. il sent dans son cœur que l’homme est né libre ou doit être libre, et il le voit partout dans les fers. Il veut chercher s’il n’y a pas quelque forme d’administration légitime, c’est-à-dire propre à restituer cette liberté naturelle de l’homme. Mais quelle idée psychologique a-t-il de l’homme ? L’homme pour lui, malheureusement, n’est qu’un sentiment, une force, une volonté, un moi. de là il résulte que tous les hommes lui apparaissent comme autant de forces ou d’individualités séparées, non pas seulement égales, mais identiques, qui ne peuvent être unies en rien que par contrat : "puisque aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions pour base de toute autorité légitime parmi les hommes." comment, en effet, unir tous ces hommes qui sont tous des forces égales, identiques, existant au même titre, homogènes en un mot, parce qu’elles ne sont toutes qu’une seule chose,