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donnant toujours à l’un des termes de cette formule une prédominance exagérée, et qui détruisait implicitement la formule elle-même. On sait en effet que, pour Platon, l’homme est surtout connaissance. il brise ainsi le type humain véritable, en subordonnant les deux termes sensation et sentiment au troisième terme connaissance, au lieu de les unir tous les trois indissolublement. Qu’en est-il résulté ? C’est que ce grand homme a fait, en morale et en politique, un mauvais et j’oserai dire un détestable usage de la formule psychologique qu’il avait en main. Ainsi, dans sa république, il conclut de cette formule l’inégalité nécessaire et éternelle des hommes, leur division radicale en trois castes, répondant à ces trois termes, sensation, sentiment, connaissance ; et, sacrifiant tout à la connaissance, il livre les castes de la sensation et du sentiment, c’est-à-dire les industriels et les artistes ou guerriers, à la caste de la connaissance, c’est-à-dire aux savants et aux prêtres. il n’est donc en progrès sur les théocraties orientales qu’en un point : c’est qu’il supprime le fait de naissance comme détermination de la caste, anéantissant ainsi la famille naturelle, afin de légitimer aux yeux de la raison la constitution même des castes. Cette suppression de la famille naturelle est encore une erreur ; mais cette erreur même ne remédie pas au mal. Car ce qui sort, en définitive,