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HANS DE SJÖHOLM ET LE SORCIER FINNOIS




À l’époque de nos aïeux, quand il n’y avait que de mauvais bateaux dans le Nordland et que les gens devaient acheter le bon vent au sorcier finnois qui le tirait de son sac, il n’était pas sûr de se risquer en pleine mer par les temps d’hiver. Jamais alors un pêcheur ne devenait bien vieux. Il n’y avait, pour ainsi dire, que les femmes et les enfants, aussi les estropiés et les contrefaits, qui fussent enterrés dans le sol.

Or, il y avait, une fois, un bateau dont l’équipage venait de Thjöttö en Helgeland ; on s’en était allé en mer et l’on poursuivait sa route durement droit sur les Lofoten orientales.

Mais, cet hiver, le poisson ne voulait pas mordre.

On s’arrêtait, on attendait des semaines et des semaines, le mois se passait et il n’y avait plus d’autre parti à prendre que de rentrer avec l’attirail de pêche et le bateau vide.

Mais Hans de Sjöhölm, qui faisait partie de l’équipage, ne faisait que rire de cette malechance et dit que s’il n’y avait pas de poisson à cet endroit-là, on en trouverait plus haut dans le nord. Sûrement on n’était pas venu jusqu’ici rien que pour manger ses vivres.

C’était un tout jeune gaillard qui en était à sa première expédition. Mais il y avait quelque bon sens dans ce qu’il disait, pensèrent les marins.

Et l’on mit à la voile vers le Nord.

À la station de pêche suivante les choses ne marchèrent pas mieux, mais l’on tint bon jusqu’à ce que les vivres fussent épuisés.

« S’il n’y a rien ici, sûrement il y aura quelque chose plus haut, vers le Nord, » opina Hans, « et puisque l’on était venu aussi loin, on ferait certes encore un petit bout de route. »

Ainsi, de station en station, ils tentèrent la chance et de la sorte s’étaient aventurés jusqu’au Finnmark. Mais là ils rencontrèrent la