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ce qu’il y avait de plus malheureux, car la vieille femme qui avait conduit assez habilement la maison de Durand depuis la mort de sa mère avait brusquement demandé son congé en apprenant les prochaines épousailles.

Ce n’est pas que cette bonne dame eût été particulièrement froissée à l’idée de voir une femme introduite dans l’établissement ; mais, suivant elle, la faute la plus grave qu’avait commise Paul, c’était d’avoir méconnu les charmes d’une certaine nièce à elle qui pouvait produire à la fois une jolie figure et une dot confortable, et que la mère Niquette avait décidé depuis plusieurs mois déjà devoir être une compagne très-convenable pour lui.

Ayant cet objet en vue, elle avait fait, du matin au soir, l’éloge de Sophie, de ses qualités intellectuelles et morales, s’attachant particulièrement à démontrer son habileté à tenir un ménage, — et la patience avec laquelle Durand écoutait ces panégyriques qu’il considérait comme des bavardages de commère, l’ayant malheureusement confirmée dans ses illusions que la belle Sophie elle-même partageait, elle s’était sentie trop vivement froissée pour rester plus longtemps dans cette maison après avoir vu ses rêves aussi cruellement évanouis. Les deux servantes inexpérimentées engagées au dernier moment pour la remplacer, quoique vigoureuses et pleines de bonne volonté, étaient tout-à-fait incompétentes, — de sorte que la nouvelle mariée dut s’en rapporter entièrement à ses