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condescends à des prières si rares, ferme à la lumière ces tristes yeux, ô reine du temps ! Quelle que soit l’heure où tu ouvriras tes ailes vers mes prières, tu me trouveras le front haut, armé, luttant contre le destin, ne louant ni ne bénissant, comme c’est l’usage de l’antique bassesse humaine, la main qui me fouette et se teint de mon sang innocent, rejetant de moi toutes ces vaines espérances, avec lesquelles le monde se console comme un enfant, et tout sot encouragement ; n’espérant rien d’autre à aucun temps, si ce n’est toi seule ? n’attendant d’autre jour serein que celui où je pencherai mon visage endormi sur ton sein virginal.