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ACTE 2, SCÈNE 6

sente à toute la vie. C’est la maison nouvelle et c’est le foyer nouveau. C’est tout l’avenir qu’on demande à une fiancée…

Réal.

Tais-toi ! C’est pire, vois-tu… Qu’est-ce que la trahison du désir, la trahison même de l’amour ? mais cette désertion du passé, cette absolue défection…

Philippe.

Es-tu certain, Réal, que notre loyauté, notre fidélité ne soit due qu’au passé ? Mais c’est l’avenir que j’ai trahi d’avance, c’est tout ce qui pouvait être et n’aura pas été… Il fallait soupçonner que la vie ménageait de ces rencontres, ne jamais se laisser prendre à la moyenne bourgeoise, au scepticisme acquis dans une littérature absurde qui, pour se permettre avec décence un prurit inavouable