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LES ANTÉCÉDENTS

Mme de Saint-Just reçut peu de jours après des nouvelles de son fils, mais ce ne fut point par le Chevalier d’Evry.

Teneur de l’adresse :

À madame,
Madame de Saint-Just
À Blérancourt, par Noyon, en Picardie
(timbre de l’adresse) à Sceaux.
Ce 20 septembre 1786
Madame,

Une partie de campagne à Sceaux m’a empêché de vous écrire plus tôt pour vous tranquilliser sur le conte de monsieur votre fils. Je suis la cause innocente de la sottise qu’il a faite. Il y a quelque temps je le guéris d’un mal à la tempe très dangereux et nouveaux pour tous mes confrères en médecine que j’interrogeai à ce sujet. La guérison se montait à deux cent francs qu’il ne m’avait point payé (sic) ; malheureusement je l’ai pressé, mais vous savez qu’à Paris lon est si souvent trompé qu’il faut bien prendre garde à soi, monsieur votre fils craignait de vous alarmer en vous demandant deux cents francs pour un médecin, il a été chez vous et il en a emporté de quoi me satisfaire. Il a vendu pour deux cents francs d’argenterie et me les a porté à Sceaux. Il m’a fait l’aveu de tout et m’a dit que de sa vie il n’oserait reparaître à vos yeux, mais qu’il aimait encore mieux cela que de passer pour un fripon à vos yeux. J’ai couru chez le juif qui lui a acheté l’argenterie. Malheureusement il avait tout jetté en fonte, excepté un gobelet que j’ai eu pour 39 livres. Je l’ai remis à monsieur