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LES ANTÉCÉDENTS

Ce père avait cinquante ans à la naissance de Saint-Just, la mère, et c’était le premier enfant, en avait passé trente. Veuve dix ans plus tard, il ne paraît pas qu’elle non plus fût étrangère aux procédés énergiques si l’on en juge par ses moyens de coercition. C’est près d’elle, entre deux sœurs, que grandit le futur conventionnel dans une maison sur la route de Noyon, à l’angle de la rue de la Chouette. Il y avait un jardin et une charmille où l’on dit qu’il écrivait tant. Allée rigide et noire de ses rêves inflexibles, l’ombre de cette charmille demeure au talent de Saint-Just.

Saint-Just fut élève des Oratoriens de Soissons et bon élève, paraît-il, on nous dit même remarquable, ce qui est très possible étant donné ses précocités d’intelligence et d’ambition. Mais nullement élève sympathique, déjà on ne l’aimait pas. « Il s’isolait trop et mettait sa violence excessive, comme plus tard sa hauteur, au service de cet isolement, il infligeait de sévères corrections à l’imprudent qui le tourmentait dans ses accès de rêverie. » Peut-être ces souvenirs d’un ancien condisciple, d’un vieillard, interrogé par le premier biographe, sont-ils atteints par la légende. Mais la légende est aussi une partie de l’histoire, il faut respecter les droits qu’un homme s’y est