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SAINT-JUST

« l’ordre présent est le désordre mis en lois ». M. Taine les a-t-il mieux repris, a-t-il plus vertement remis à leur place les ingérences de leur utopie, que ne le fait ce paragraphe des Institutions :

Il s’agit moins de rendre un peuple heureux que de l’empêcher d’être malheureux. N’opprimez pas, voilà tout. Chacun saura bien trouver sa félicité. Un peuple chez lequel serait établi le préjugé qu’il doit son bonheur à ceux qui gouvernent, ne le conserverait pas longtemps !

Est-ce bien lui, après deux mois de séances, et non Vergniaud, qui avouera : « Nous nous jugeons tous avec sévérité, je dirais même avec fureur… ? » Puisque nous parlons de Vergniaud, il lui reprochera sa métaphysique : « Il mit tout le droit public en problèmes et vous proposa une série de questions à résoudre que l’on eût mis un siècle à discuter ». Et la critique suprême, il l’a faite ; nos historiens philosophes n’ont pas autrement caractérisé leurs partis ; le ton même de l’impatience n’est pas étranger au bon sens de Saint-Just : « Quelle est donc cette superstition qui nous érige en sectes et en prophètes, et prétend faire au peuple un joug mystique de sa liberté ? »