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SAINT-JUST

l’indulgence de quelques-uns, on les croirait propriétaires de nos destinées et les pontifes de la liberté[1].

Si un lion souverain avait eu une cour et une garde prétorienne de tigres et de panthères, ils n’auraient pas mis plus de personnes en pièces. Cela ne l’a jamais frappé, au contraire, il écrivait :

L’exercice de la Terreur a blasé le crime comme les liqueurs fortes blasent le palais. Sans doute il n’est pas encore temps de faire le bien. Le bien particulier que l’on fait est un palliatif. Il faut attendre un mal général assez grand pour que l’opinion générale éprouve le besoin des mesures propres à faire le bien. Ce qui produit le bien général est toujours terrible, ou paraît bizarre quand on commence trop tôt[2].

Que voulait-il donc qui dût paraître encore terrible à la Terreur ? Enfin, s’il a imploré le tombeau « comme un bienfait de la Providence », c’est — la chose vaut qu’on le remarque — « pour n’être plus témoin de l’impunité[3] ».

Nous parlons aujourd’hui de justice, nous croyons l’aimer, en mieux scruter les mystères : nous nous trompons et nous réclamons d’elle

  1. 8 ventôse an II. Sur les détentions.
  2. Institutions républicaines.
  3. Institutions républicaines.