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SAINT-JUST

sentant extraordinaire à Strasbourg, est un jeune homme d’une suavité — bon fils, bon frère, ami dévoué — d’une aménité — faite plus digne d’un semblant de raideur — on ne peut mieux exemplaires : le parfait homme sensible que tout narrateur souhaite offrir au public. N’a-t-on pas loué Gœthe de sa reconnaissance envers les services rendus ? Et Las Cases tient par-dessus tout à la douceur des rapports, à la bonhomie de Napoléon Bonaparte. Il faut peut-être un don exceptionnel pour, non pas dans l’ensemble, mais dans le détail, le ligne à ligne, admirer franchement parce que différent. Il y faut peut-être une « immoralité » très élevée. Nous nous garderons en tournant les aspérités, les acerbités révolutionnaires de n’approuver plus qu’un jeune homme au cœur sensible, intéressant comme un poitrinaire par sa mort prématurée.

Que fut-il donc en somme ? Un député de vingt-cinq ans, dont le maiden-speech à la Convention est tel, qu’il emporte, on dirait à lui seul, la tête du roi et réserve désormais l’orateur pour les grands coups, dont on lui fit toujours hommage : rapport contre les Girondins, déclaration du gouvernement révolutionnaire, rapport contre Hébert, rapport contre Danton. Quand la tribune