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SAINT-JUST

mais qui oserait la souiller par le mépris ? qui, en regardant Saint-Just avec terreur, oserait dire : « Je ne l’estime pas[1]. »

Saint-Just a tenté deux fois l’étude particulière.

En 1851, deux volumes[2] écrits par M. Édouard Fleury, non sans goût, mais en « réacteur ». Toutefois il en a bien parlé, avec des effets qui ne voulaient pas être pauvres. Il nous révèle « ce jeune homme oseur » dans les tentations et les scrupules d’une admiration timorée : « Il avait surgi parfait, tout d’une pièce, et l’on n’avait point encore songé à s’étonner que ce jeune homme fût déjà aussi déplorablement complet ». Mais en 1859, c’est la réponse vengeresse d’Ernest Hamel, robespierriste cette fois, qui, saisie et brûlée à sa première édition, ne reparut qu’à Bruxelles. La documentation d’Hamel plus laborieuse ne pouvait encore à cette heure être définitive, et l’affection sincère du biographe pour le biographié est moins favorable que la haine aux étrangetés psychologiques. Pour cet historien, le premier rapporteur du Comité de salut public, le repré-

  1. Levasseur. Mém.
  2. Il y faut joindre le chapitre de M. Aulard dans ses Orateurs de la Convention, 1882.