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SAINT-JUST

leurs, n’étaient pas des âmes tendres, encore moins des modérés. Tous accomplissaient la Terreur sans trop de dégoûts, la croyant bonne encore, persuadés surtout de leur incapacité à l’enrayer. Des uns aux autres, la nuance est celle-ci : Carnot, Lindet, Prieur, Barère, ont un désir, c’est que les coups n’arrivent pas trop près d’eux, qu’on respecte « le dogme de l’intégrité de la représentation nationale ». On finit par sourire à leurs professions de foi réitérées et sincères.

On ne conclura rien des signatures, sinon l’absence en la présence. Il est impossible, sachant ce que Saint-Just a fait, ce qu’il a dit publiquement à la tribune et secrètement dans ses papiers, d’attacher la moindre importance à telle signature absente de tel arrêté. Comment, d’ailleurs, l’avoir si peu compris que d’oser, et pour sa gloire, réclamer en faveur de son humanité ? Nous savons qu’entre collègues, il s’emportait quand on abordait la question de la guillotine, « il s’écriait que la République était perdue, si les hommes chargés de la défendre se livraient à des récriminations de ce genre ». Là réside pour nous, de ses collègues à lui, de Robespierre à lui, la distinction spécifique : il voulut la Terreur, toute la Terreur, avec une loyauté, avec une impudeur