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SAINT-JUST ET ROBESPIERRE

Étudions-les une bonne fois, ces responsabilités. De ses biographes, M. Hamel semble avoir seul disposé d’une information relativement complète, mais son désintéressement n’allait pas à en user jusqu’au bout, et c’est de source contre-révolutionnaire que nous tenons les plus intéressants et les derniers témoignages, telle, par exemple, une lettre de cet Augustin Lejeune mis par Saint-Just à la tête du Bureau de Police générale et dont la date — 1812 — comme le ton, présentent des garanties de sincérité. Même dans son mémoire justificatif de l’an III, Lejeune paraît véridique. Il use bien des flétrissures obligatoires, Saint-Just est l’un de « ces deux anthropophages qui ne pouvaient lentement dévorer des victimes » mais, somme toute, il le charge peu : « Saint-Just reste constamment aux armées. Il n’est pas cinq décades au Comité pendant l’existence des bureaux de la Police générale ». Plus tard, il écrira : « L’âme de Robespierre offre de la prise au discernement de l’observateur, toujours constant dans le crime, on découvre en lui un goût inné du désordre, une nature essentiellement malfaisante. — Mais Saint-Just m’a souvent paru être un composé d’éléments qui se choquaient. Un jour on pensait bien de lui et le lendemain il fallait le haïr. Saint-Just