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LES MISSIONS

était beau, jeune, comme les autres d’ailleurs, ah ! c’était un homme sympathique. Mais Saint-Just n’aimait pas les hommes sympathiques, il l’avait bien prouvé à l’égard de Desmoulins. En outre la conduite de Hoche fut loin d’être irrépréhensible et lui-même a reconnu que ses « actes de désobéissance étaient flagrants et affectés. » Le plus grave est que le général avait gratuitement et profondément blessé Saint-Just en lui refusant communication de son plan quelques jours avant la bataille de Wissembourg : « J’ai besoin du secret, je réponds de la victoire. » On ne voit guère quel danger le secret eût couru entre les mains de Saint-Just, mais le refus dut être agréable à Lacoste et Baudot[1].

Car Saint-Just a mal vécu avec ses collègues. Son dédain, son ignorance des commissaires qu’il tolère près de lui — il les fit rappeler presque tous — furent tels qu’il leur rendit la situation impossible. Les généraux ne faisaient plus de rapport qu’à Saint-Just, on ne prenait l’ordre que de lui. Lacoste et Baudot demandaient leur

  1. Disons de suite que le 30 ventôse, St-Just obtenait contre Hoche un premier mandat d’arrêt contresigné de Carnot, et le 22 germinal Hoche ayant été entendu au Comité, il le faisait incarcérer « jusqu’à nouvel ordre » par un arrêté que ne signe plus Carnot, ni d’ailleurs Robespierre. Aulard, Études et Leçons.