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SAINT-JUST

voirs extraordinaires », mais le collaborateur très attentif. Il écrit à Hoche après une défaite[1] :

Tu as pris à Kaiserslautern un nouvel engagement, au lieu d’une victoire il en faut deux… Tu as pris de sages mesures en faisant retrancher toutes les gorges de Pirmasens, nous y avons envoyé des hommes intelligens pour hâter les travaux : donne de nouveaux ordres pour rendre le pays impraticable. Mets le plus grand concert entre tes mouvements et ceux de toutes les divisions de la droite, jusqu’à Brumpt. Il faut que toute la ligne frappe à la fois, et frappe sans cesse, sans que l’ennemi ait un moment de relâche. Il faut que tous ceux qui commandent les mouvemens combinés de ces armées soient amis ; mets la plus grande rapidité dans ta marche sur Landau : le Français ne peut s’arrêter un moment sans s’abattre.

Là, plus tard, il écrit à Jourdan : « la guerre de la liberté doit être faite avec colère. » Ce n’est pas une phrase, mais une observation juste. Quoique dise Taine, il ne paraît pas qu’il ait été ridicule aux armées.

Mais il a préféré Pichegru à Hoche, à celui que « nul ne put voir sans l’adorer. » En effet, Pichegru reste, par l’histoire, la faute de jeunesse de Saint-Just, le témoignage que le précoce impérator ne s’y connaissait pas en hommes. Hoche fut très brillant, très brave, un charmeur d’hommes, il écrivait et parlait à merveille, il

  1. Bitche, 12 frimaire an II.