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LES MISSIONS

Guise, 31 janvier.

L’arrondissement présent à l’armée du Nord est insuffisant, vu que lorsqu’on le détermina, on calculait sur cent mille hommes, et qu’il faut aujourd’hui calculer sur deux cent quarante mille. L’organisation des convois n’a pas de sens commun. On fait partir du même point tous les caissons ; la même tige de chemin se trouve embarrassée de sept cents voitures, le pain et les fourrages arrivent tard, la cavalerie périt. Pourquoi ne pas établir des caissons et magasins de fourrage sur les points où l’on veut faire agir les armées. Attendez-vous qu’on vous attaque, ou voulez-vous attaquer ? Dans le dernier cas, préparez dès ce moment la position des magasins, vos plans, placez votre cavalerie, dirigez les canons, afin de faciliter l’explosion de nos forces à l’ouverture de la campagne. Augmentez l’arrondissement de moitié pour l’approvisionnement, puisque par l’incorporation l’armée augmente de moitié et plus. Voici l’état à peu près des choses. Les routes sont impraticables. Nous avons fait en poste huit lieues par jour depuis Donon jusqu’à Guise. L’ennemi a un camp de cinq mille hommes au Catelet, nous avons versé quatre cents quintaux de farine dans Bouchain ; il y a trois ou quatre mille hommes au Cateau. Il serait très sage de votre part de vous rendre agresseurs, d’ouvrir la campagne les premiers, et comme votre armée sera très forte, vous pourrez en même temps porter une armée sur Ostende, une sur Baumont, cerner Valenciennes et attaquer la forêt de Monnaie. Soyons toujours les plus hardis, nous serons aussi les plus heureux. ; nous allons partir pour Maubeuge ; nous vous écrirons de là.

Ses lettres à Hoche, Pichegru, Jourdan, sont parfaites de cordialité, on n’y sent pas les « pou-