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LES MISSIONS

Il sait le cœur humain et cherche son esprit.
L’amour est la recherche du bonheur.

On lui adjoignit Lebas pour être sûr que Saint-Just serait seul. Lebas, du Comité de Sûreté générale, était presque aussi jeune. Aussi dévoué, aussi « pur », d’accueil aussi grave et froid, il accompagnait bien son prestigieux collègue. Mais c’était un homme simple dont l’amitié fut malheureuse. C’est à ces communes missions où Saint-Just nous apparaît si réservé, si hautain, si dur, c’est à l’intimité d’alors qu’il dut l’attachement fatidique, loyalisme de cœur qui l’impliqua dans la mise hors la loi du 9 thermidor. « Lebas était son disciple et fanatisé par lui : il n’a péri que par ce motif, dit Barère, car il était froid, flegmatique et n’a jamais émis d’opinions qu’on pût lui reprocher. » Saint-Just et Lebas étaient à Strasbourg le 29 octobre 93. Ils descendirent à l’hôtel de la Prévôté sur la grande place de la ville. Ils ne rendirent pas leur visite aux autorités constituées, ils ne la rendirent pas à leurs collègues, ils n’eurent pas de rapports avec eux, ils ne se montrèrent pas en public. Ils furent l’autorité suprême. Dans le souhait de la leur conférer, la casuistique fit des prodiges, on trouva quelque