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SAINT-JUST

notes militaires, on y trouve des nouvelles datées à mesure qu’elles lui arrivent comme un journal de la situation. Puis des recensements : les effectifs, les munitions, les fourrages pour toutes les armées, pour toutes les places. Une lettre, entièrement copiée dans ce carnet, montre à quel point Saint-Just écoutait, comme il était consciencieux et se préparait à ses missions[1] :

Dans la conférence que nous avons eue avant-hier dans la nuit, au Comité militaire, vous avez témoigné, Citoyen, le désir de connaître l’état de ce qui doit compléter l’approvisionnement en vivres d’une place telle que Lille, défendue par une garnison de 12.000 hommes, dans laquelle je comprends 600 hommes de cavalerie et 600 d’artillerie. Voici mon calcul appréciatif fait d’après les instructions qu’on nous donnait dans nos écoles d’artillerie.

Suivait toute l’énumération des sacs de farine, lard salé, paniers d’oeufs, moulins à bras, pièces d’eau-de-vie, tabac à fumer, rations de foin, ustensiles. Il est évident qu’alors Saint-Just croit plutôt aller s’enfermer dans une place, qu’avoir à s’en faire rendre. Ce n’est pas Landau et Charleroi, mais le rôle de Merlin à Mayence qu’il prévoit. Sur la première page de ce carnet, Barère trouva deux lignes au crayon :

  1. Du citoyen Aubry, député Paris, 6 août.