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LES DÉBUTS, LE COMITÉ

sionné à la République, avant toute ambition personnelle (et l’admirable docilité de ses départs en témoignera toujours pour lui) ; aussi, nous l’avouons enfin, par cette défiance « qui est au sentiment de la liberté ce que la jalousie est à l’amour[1] » — nous le trouvons en posture de maître, tranchant ici ou là selon les besoins, avec une telle compétence, une telle autorité de fait, qu’elle en emportait l’autorité de droit. Nous savons que l’attitude a frappé les collègues parlant du bureau de Police générale ; Prieur disait : « Robespierre semblait faire là un essai de tyrannie de concert avec le cul-de-jatte Couthon et l’ambitieux Saint-Just qui ne pouvait se taire sa supériorité sur ses deux accolytes et qui probablement avait des vues personnelles. » C’est l’impression qu’il donne à tous. Michelet entrevoit souvent au delà de thermidor des « embarras d’avenir » pour Robespierre. Barère déclare Saint-Just « taillé sur un patron plus dictatorial et plus capable de révolutionner ». Quant à Levasseur, c’est au présent même qu’il lui donne la prééminence dans les affaires. Saint-Just n’eut pas, n’aurait jamais la popularité de Robespierre, mais depuis quel-

  1. Robespierre.