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SAINT-JUST

vous devez vous occuper de tirer le peuple d’un état d’incertitude et de misère qui le corrompt. Si vous voulez une République, faites en sorte que le peuple ait le courage d’être vertueux ; on n’a point de vertus politiques sans orgueil ; on n’a point d’orgueil dans la détresse. En vain demandez-vous de l’ordre, c’est à vous de le produire par le génie des bonnes lois[1].

Ce député presque mineur, ce secrétaire d’âge va continuer sur ce ton, et on l’écoutera, et le Moniteur observera que « cette opinion est fréquemment interrompue par des applaudissements », l’assemblée en votera l’impression à l’unanimité et Brissot même, dans son numéro du lendemain, fera l’éloge du discours. Il leur avait dit :

La guerre a détruit les troupeaux ; le partage et le défrichement des communes achèvera leur ruine, et nous n’aurons bientôt ni cuirs, ni viandes, ni toisons… Il y a trente ans la viande coûtait quatre sous la livre, le drap dix livres, les souliers cinquante sous… Si je ne me trompe, ce qui vaut aujourd’hui un écu, en supposant que nous ne changions pas de systèmes, vaudra dix livre dans dix-huit mois. Il sera fabriqué environ pour deux cents millions d’espèces ; le signe représentatif de tous les biens des émigrés sera en émission ; on remplacera l’arriéré des impôts par des émissions d’assignats, et le capital

  1. 29 novembre 92.