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LES ANTÉCÉDENTS

Je ne vous connais pas, mais vous êtes un grand homme. Vous n’êtes point seulement le député d’une province, vous êtes celui de l’humanité et de la République. Faites, s’il vous plaît, que ma demande ne soit pas méprisée.

signé : Saint-Just
Électeur du département de l’Aisne.

La vie publique avait déjà commencé pour Saint-Just. Nous le trouvons de suite lieutenant-colonel de la garde nationale de Blérancourt, il fréquentait les clubs de Blérancourt, de Chauny, de Coucy, il y parlait, « il parlait admirablement ». On a de lui un précoce et premier discours prononcé le 15 avril 1790, à la réunion des électeurs de l’Aisne, convoquée pour décider laquelle des deux villes, de Laon et Soissons, serait mise en possession du chef-lieu de département :

Mon âge et le respect que je vous dois ne me permettent pas d’élever la voix parmi vous, mais vous m’avez déjà prouvé que vous étiez indulgents… C’est sous vos yeux que j’aurai fait mes premières armes ; c’est ici que mon âme s’est trempée à la liberté, et cette liberté dont vous jouissez est encore plus jeune que moi.

Le discours continuait plein de sagesse et de tact, il n’emporta pas les suffrages, mais tous les compliments. Saint-Just que nous trouvons alors