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de découvrir Verlaine, et je ne pardonne pas qu’on n’ait pas usé de réclame pour me le faire connaître. Évidemment, j’aime peu les morceaux où l’éloquence a le cou tordu, mais les autres !

Une autre découverte : Les Rosny. Je te recommande le Chemin d’amour, dans la Revue de Paris. Je ne peux pas te dire comme j’ai trouvé cela sympathique : aussi ai-je vite fait venir l’Impérieuse bonté, un titre qui me magnétise depuis des mois.

Encore une chose dont je ne me vante qu’à toi : Il piacere, de d’Annunzio. Raide, mais que veux-tu ? Là, l’artiste est tellement hors ligne qu’en définitive, c’est mon talent préféré. Je préfère ce livre au Trionfo della Morte, parce que l’art y tient plus de place et que le roman y devient un véritable livre de critique et même d’histoire de la peinture et de la musique. Il y a un passage que tu dois connaître : « Le vers est tout, le vers peut tout. » C’est admirable comme un psaume. Je lis toujours aussi des individus plus ou moins philosophes, et il me passe tous les jours au moins quatre langues sous les yeux…

Adieu, chère tante, baisers, amitiés et vœux de santé et de tranquillité.


L’Ermitage. Les Voirons, 29 juillet 1912.
Chère tante Gabrielle,

En vous conseillant fortement de vous arranger coûte que coûte pour venir ici, nous