Page:Lenéru - Quelques lettres intimes, 1926.pdf/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 34 —

tonne est restée dans son pays, et pour mettre au courant sa remplaçante, pour obtenir la propreté parfaite, j’ai préféré faire la moitié des choses, J’avoue que cela m’a amusée et que les résultats obtenus en un minimum de temps m’ont éclairée sur l’activité ordinaire des domestiques. Mais enfin, il faut choisir ses occupations, et, comme, disait la grande Catherine, ce modèle des maîtresses de maison, « mêler le faire et le non faire », et c’est avec satisfaction que je quitte mes gants et mon torchon (plumeau malsain et microbifique) pour t’adresser une de mes premières lettres.

Marie.


Jeudi (1908).
Chère tante Gabrielle,

Je pense bien que si Fernande ne m’écrit pas, c’est pour d’excellentes raisons. Et comme toi, tu es la fidélité même, je déplore naturellement moins ses crises de silence. Je lis toujours tes lettres à Maman, et si tu savais à quel point j’ai la nausée des autographes, tu en concluerais bien des choses favorables à mes qualités de cœur. D’ailleurs, j’aime ta manière d’écrire. Tu es une des exceptionnelles personnes dont les lettres satisfassent tout à fait. On a toujours, après avoir lu tes barbouillages, la sensation du rapprochement. Je n’en pense autant, ni de Fernande, ni de moi. Il est vrai que, toutes les deux, nous nous reposons sur nos mères et n’exécutons que le superlatif.

Je viens de quitter Mme L… ; nous sommes