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Manoir du Vizac-en-Guipavas (Finistère)
(juillet 1901)
Ma tante chérie,

Tu ne sais pas encore comme je t’ai été reconnaissante de la lettre de Venise. C’est une de mes grandes joies d’avoir une tante profondément validée dans mon cœur et ma sympathie. Tu as vu de belles choses avec les yeux qu’il fallait pour elles, car nous avons été au feu ensemble et je sais comment tu regardes.

C’est une science qui m’absorbe de plus en plus, son enseignement m’ayant, d’ailleurs, coûté plus cher qu’à d’autres. Je n’arrivais pas à m’arracher du Trez-Hir ; chaque mois, c’est un pays nouveau. Naturellement, l’Italie me nostalgise assez, mais j’ai trop de choses à régler avec moi-même avant de vider mes comptes avec les circonstances plus ou moins agréables. Tu m’aideras, au moins j’espère, à la préparation. — Tante B… est dans un état que je n’arrive pas à accepter. Elle se démène si terriblement dans ce malheureux fauteuil de vieille : je suis au rebours des autres ; certaines leçons ne m’ont pas enseigné la résignation. Et je t’assure que savoir Maman toute seule devant cette misère pour laquelle on ne peut rien… C’est effrayant ce qu’il en coûte pour mourir !

De tout cœur, ta nièce et amie.

M…