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tion, on peut tout nous passer ; la province a cela de bon qu’on y est connu. Mais je crois que nos mères sont, au fond, désolées.

Il y a, dans la Revue de Paris, des notes charmantes de Daudet. Du reste, on y trouve tant de choses que je doute qu’on s’amuse en ce moment à la Revue des Deux-Mondes.

Nous avons aussi été au Trez-Hir. Que c’est grandiose, ma tante ! Voilà où il faut que tu passes l’été. Tu seras très bien chez Mme Cornen, l’unique et précieuse aubergiste du Trez-Hir. Tu auras une fenêtre à balcon, la seule du pays, et Carle apprécierait les merveilleux effets de lumière sur ce sable qui ressemble à une neige. C’est tellement dépeuplé que le pays

a l’air créé uniquement pour vous, et je pense à ce mot de Lacordaire « Dieu n’a pas formé une contrée, dessiné un rivage, creusé une baie, sans savoir pour quels peuples et pour quelles âmes il travaillait. » Hum… Enfin, je m’approprie le Trez-Hir.

Au revoir, ma bonne tante chérie. Je t’ai exprimé tout ce que mon cerveau contenait de présentable, pour le cœur, ce serait trop long.

À vous quatre.

Marie Lenéru d’Auriac.

Ai-je assez le courage de mon opinion ?