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confusion de tes nouvelles gâteries. C’est trop gentil d’être comme cela attentive à ma fête.

Es-tu tranquillisée sous le rapport oreilles ? Le Dr M… a fait ici des merveilles. Je suis persuadée que Maman exagère ses crises par sa préoccupation… La vérité est que je vous donne à tous la frousse avec mes oreilles ; j’espère pourtant avoir l’honneur d’être un otage suffisant au dieu silence.

Que dis-tu de ce duel désolant du prince Henri ? Ils ont voulu rééditer les mignons « jusqu’à ce que mort s’ensuive ». Je suppose qu’ils se détestaient bien. Lis-tu, en ce moment ? N’est-ce pas, c’était joli et fin ce poème de Brada ? Que ma grande patronne n’y voie pas de profanation, mais c’est de la foi à l’espagnole, de la dévotion comme l’entendait sainte Thérèse.

Je viens d’être très peinée par une carte de Mme de L…, qui se dit presque aveugle et m’écrit avec une telle incohérence que je vais immédiatement demander des éclaircissements au Sacré-Cœur. Je trouve qu’on a pour les vieillards une affection très particulière, un peu ce qu’on éprouve pour les enfants ; on sait qu’ils vous sont moins assurés que les autres ; je ne quitte jamais Mme L… et Mme de L… sans une espèce de remords de ne pas avoir entièrement ces dernières années de présence. Tu me trouveras peut-être rude de penser à ces choses-là, mais je suis sûre que ce sont de ces sentiments involontaires que nous éprouvons tous et