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puis le jour où j’avais rapporté les Mémoires de Lauzun et où il a suffi que Maman les ouvre pour que je ne les revoie plus. Je te parle de ces livres parce que je les crois assez intéressants pour mériter que tu les lises et que je veux te faire partager notre vie de tous les jours.

La journée d’hier, c’est avec Juliette R… que je l’ai passée, une charmante fille que j’aime beaucoup, qu’on gâte énormément et qui n’a pas un défaut. Et puis, je la connais depuis l’extrême enfance, c’est un tel charme de plus. Quand je fais d’aimables connaissances, je ne me console pas de ne les avoir pas faites plus tôt. C’était amusant de voir les vieux jardiniers du Cours nous regarder et nous reconnaître pendant que nous nous promenions avec « Fraulein » ; ils nous ont vu jouer petites filles. Je revois avec attendrissement la veste bleue du vieux « Cogne », le gardien du Cours, baptisé comme cela par les frères de nos amies, et dans la cabane duquel je retrouvais mes objets perdus.

Maman a reçu une longue lettre de tonton Lionel, bien jolie, et où l’affection transpire à chaque page, bien qu’il n’en soit pas question. Quel plaisir vous allez avoir à entendre son enthousiasme ! J’espère, ma tante chérie, que tu deviens très Parisienne et, par conséquent, infatigable. Je te plains d’avoir manqué la réception de Bourget et le plaisir de contempler dans son enveloppe mortelle ce grand raf-