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Brest, Mercredi (fin juin 1895).
Ma tante chérie,

Je déjeunais en tête à tête avec Maman quand ton Saint-Paul m’est arrivé. Merci de tout coeur pour les jouissances que je suis certaine d’y trouver. Si M. Renan n’est pas un orthodoxe, je ne me flatte pas de l’être, et c’est surtout avec les incrédules que je me sens croyante. On a tellement besoin de protester contre la désolation !

Je le commencerai ce soir quand j’aurai fini ma journée ; car j’observe une règle absolue, au point de compter mes fautes, c’est-à-dire mes irrégularités ; de cette manière, on évite l’ennui et on se réveille en ayant toujours quelque chose à faire. Et il me semble que si l’on peut devenir meilleure, c’est par une plus grande intelligence des choses… Dimanche, nous avons déjeuné et dîné au Vizac… Malgré le froid et l’humidité, nous avons passé l’après-midi dans le bois ; Mme B… en corsage de batiste, en transparent sur la peau ! C’est beau d’être à l’épreuve comme cela. Elle a toujours la même élégance dans ses accoutrements de campagne et vit au milieu des revues et des livres qui paraissent. J’en ai rapporté des études sur les « Femmes des Tuileries », l’Impératrice Joséphine et la reine Marie-Amélie. Calmann-Lévy lui envoie tout ce qui paraît chez lui ; mais elle n’a pas voulu me laisser emporter la « Grande Catherine ». Je ne dis plus rien, de-