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étude poussée à fond, aucun genre de vie sérieusement adopté : pas une qualité qui ne trébuche et dont je puisse être sûre. Tu vois, ma pauvre tante, qu’il ne faut pas se borner à me souhaiter de conserver ce que je n’ai pas. Et maintenant que c’est dit ; oublions-le bien vite et parlons de Fernande, que Maman et moi ne pourrons pas nous décider à laisser partir. Je ne me serais pas consolée si elle n’avait pas été avec moi le jour de mes dix-huit ans. Je ne crois pas que le monde contienne deux autres cousines vivant en aussi parfaite harmonie, et maintenant que je sais ce que c’est que de l’avoir avec nous, attends-toi à ce qu’on te la réclame souvent.

Je t’embrasse bien tendrement.

Marie.


Vendredi, 17 (Août 1896).

Quelle heureuse inspiration tu as eue, ma bonne tante, en m’envoyant cet excellent petit mot. Ma fête n’eût pas été complète sans cela. Merci de tes souhaits. En ce qui regarde Lourdes, j’y vais pour faire un beau voyage. Étant donné mon antipathie des miracles, je n’aurais pas demandé d’y aller. Maman me l’a offert, tante y allait ; bien portante, j’aurais peut-être dit non ; dans la situation actuelle, il m’aurait déplu de le refuser. Tu connais mes idées. J’irais à Lourdes toute ma vie sans être guérię que cela ne porterait pas une ombre à ma foi en la Providence. Je n’y vais même pas