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LES CHARMEUSES.

Oui, jeunes amoureux, vous saurez qui nous sommes :
Sous notre beau sein nu, notre cœur est absent ;
Vous n’y trouveriez pas une goutte de sang.
Autrefois nous avons vécu parmi les hommes.

Nous fûmes autrefois des martyres d’amour.
On a dû vous parler de ces vierges trompées,
Nombreuses légions de l’abîme échappées,
Sur mer apparaissant vers le déclin du jour ?

Pour avoir bu le fond de la souffrance humaine,
Nous voyons aujourd’hui froidement les douleurs ;
Nous avons tant pleuré que nous rions des pleurs
Des pauvres soupirants que le flot nous amène.

Nous respirons la fleur de vos amours naissants,
Lorsque par un temps clair nous chantons à voix pures.
En traînant sur les eaux nos grandes chevelures
Où se prennent les cœurs des beaux adolescents