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Le plancher, trahissant la profondeur des caves.
Rendait comme un son creux. — Les vins lampants du Rhin,
Le bourgogne héroïque et les bordeaux suaves
S’étageaient dans la paix d’un triple souterrain.

Tout au fond des jardins, des chambres pacifiques
Abritaient de grands lits où le voyageur las,
Comme un cygne bercé par des flots séraphiques,
Nageait dans le sommeil ouaté des prélats.


II

Hasard, fatalité, destin ou providence !
Les mots importent peu. — Grandeur et décadence,
Inséparables sœurs, se tiennent par la main.
Où se croisaient hier des bruits de multitude,
En silence aujourd’hui plane la solitude…
Il suffit d’un passant qui change de chemin.

Dans toute sa longueur la route est bien déserte…
Pas même un cantonnier ; — Dans les flaques d’eau verte
Débordant les fossés, barbotent les canards.