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S’étant faits souverains pour ne pas être esclaves,
Ils ne mouraient pas vieux, mais ils mouraient en braves.

Quand ils avaient au plus cinq ou six ans régné,
Un beau jour de combat, ces coureurs d’aventure
Recevaient au flanc gauche une grande blessure
Qui rougissait la mer d’un flot de sang vermeil,
Tandis qu’eux rendaient l’âme aux clartés du soleil.

Ils expiraient vainqueurs, les jeunes rois des ondes ;
Au plus. brave ils donnaient couronne et gouvernail,
Puis s’en allaient dormir sous les vagues profondes,
Peut-être sur des bancs de perle et de corail.


II

Il était autrefois de béats personnages,
Qui, voisins de la mer, n’en quittaient pas le bord ;
S’endormant chaque soir à l’heure où l’oiseau dort,
Ils sommeillaient, bercés par le bruit des orages,
Entre quatre bons murs, faisant des rêves d’or.

Ils rêvaient aux débris que laissent les naufrages.
Au lever du soleil, ils couraient aux rivages,