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Ils ne ressemblaient pas à d’ennuyeux stoïques,
Traîneurs de robe longue à larges plis bouffants.
C’étaient des gens naïfs, simplement héroïques,
Que les femmes aimaient et qu’aimaient les enfants.

Ils étaient aussi doux qu’un verset d’Évangile
Murmuré dans la nuit par un pauvre qui dort ;
Ils étaient aussi doux qu’un beau vers de Virgile ;
Ils parlaient aussi bien que saint Jean Bouche d’or-

Quand ils ouvraient leur main et leur âme loyale,
Leur front resplendissait d’une austère beauté.
Ils avaient dans la marche une aisance royale,
Souverains de la grâce et de la majesté.

Le froid ricanement des rhéteurs prosaïques
N’intimidait en rien leur pure et chaste foi.
C’étaient les hommes forts des vieux temps hébraïques
Sous le sayon du pâtre ou le manteau du roi.

Ils gardaient jusqu’au bout le courage du rôle.
De leurs yeux jaillissait un sublime rayon.
Ils ne portaient parfois qu’un haillon sur l’épaule,
Mais savaient noblement se draper du haillon.