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CHATEAUBRIAND


1768 – 1848




François-René de Chateaubriand est né à Saint-Malo. Le maître prosateur d’Atala et des Mémoires d’outre-tombe s’était cru d’abord destiné à la poésie. Venu à Paris en 1787, il se lia avec Fontanes, Parny, Écouchard Lebrun, et débuta dans les lettres par une pièce de vers intitulée : L’Amour à la campagne, que publia l’Almanach des Muses. De ses rares poésies lyriques — sans parler d’un Moïse en cinq actes, applaudi chez Madame Récamier, mais sifflé au théâtre, — on n’a retenu que quelques stances gracieuses, celles que nous donnons ici. On les trouve dans Le Dernier des Abencérages, ainsi amenées : « Après ce discours, Lautrec, qui voulait amuser la divinité de cette fête, prit une guitare et chanta cette romance qu’il avait composée sur un air des montagnes de son pays. » — Comme Bossuet, cet autre maître du style périodique, Chateaubriand ne rima que par occasion. Peut-être doit-il à ce goût des vers quelques-unes de ses magnifiques qualités, le rhythme, la mélodie des phrases ; mais il lui doit peut-être aussi maint défaut dont il trouvait l’exemple chez les versificateurs de son temps : le culte de la périphrase, l’abus des comparaisons, une certaine aversion pour le mot propre, trop souvent remplacé par le terme réputé noble. Si la majeure partie de son œuvre est déjà caduque, c’est que, presque à chaque page, règne cette fausse conception de la prose poétique que Victor Hugo, en quelques vers des Quatre